Une semaine en e-Démocratie

12 pays ennemis d'Internet

Reporters sans frontières vient de publier la liste des pays qualifiés "d'ennemis d'Internet" en 2012. Deux pays, Bahreïn et le Bélarus, ont été ajoutés et rejoignent donc l'Arabie Saoudite, la Birmanie, la Chine, la Corée du Nord, Cuba, l'Iran, l'Ouzbékistan, la Syrie, le Turkménistan et le Vietnam, des pays qui "conjuguent souvent problème d'accès, filtrage sévère, traque des cyberdissidents et propagande en ligne", souligne RSF. "Les net-citoyens ont été, en 2011, au coeur des changements politiques qui ont affecté le monde arabe. Ils ont tenté, aux côtés de journalistes, de tenir la censure en échec mais en ont, en contrepartie, payé le prix fort", ajoute RSF.

USA: l'équipe Obama qualifie 2008 de campagne primitive par rapport à celle qui se prépare

Alors que les primaires républicaines montrent un parti divisé, incapable de faire un choix clair après le "Super Tuesday" du 6 mars dernier, l'équipe de Barack Obama promet une campagne qui fera apparaitre celle de 2008 comme "réellement primitive". A la tête de l'équipe numérique, Teddy Goff est en train de construire un dispositif qui, pour la première fois, va combiner la base de données constituée depuis la précédente élection (quelques 23 millions d'électeurs) avec le pouvoir de Facebook pour cibler les électeurs à un niveau inégalé jusqu'aujourd'hui. Une base de donnée unifiée qui va réunir et informer des millions de votants potentiels et qui pourrait être la clé de la réélection d'Obama. C'est à lire dans un long article du Guardian, qui détaille le dispositif, en rappelant les risques d'une base de donnée aussi centralisée sur l'utilisation des données personnelles des citoyens.

Présidentielle : un baromètre des opinions exprimées sur internet

Le Figaro publie un baromètre des opinions exprimées sur Internet à propos des candidats à la présidentielle, Le Scan. Il compile plusieurs sources de données : 80 sites professionnels d’information parmi lesquels 36 titres de presse nationale, 26 de presse régionale, 9 radios, 7 télés, 55 blogs traitant principalement de l’actualité politique et sociale, les contenus des médias audiovisuels partenaires de Voxalead, application de la société Exalead qui écoute la piste son de ces médias, la retranscrit en texte et l’analyse, les statuts publics de membres Facebook de langue française et tous les tweets publics de membres Twitter de langue française.

A chaque contenu web, le moteur d’analyse sémantique du Scan attribue un sentiment positif ou négatif, dont l’association permet de mesurer plusieurs classements :  sentiment dans les médias, sentiment sur les réseaux sociaux, volume de citation, recrutement des fans (sur les réseaux Facebook et Twitter). A toutes ces informations s’ajoutent la possibilité de voir l’actualité des personnalités dans les médias et un classement de leur popularité.

En forme cette semaine selon Le Scan : François Bayrou, qui enregistre une hausse importante du nombre de citations sur les réseaux sociaux et les médias traditionnels.

Pinterest s'invite dans la campagne présidentielle

C'est le réseau social dont tout le monde parle en ce moment : Pinterest et ses 12 millions d'utilisateurs en moins de deux ans. L'objectif est d' "épingler" ("pin") sur des "tableaux" les photos ou vidéos "qui ont de l'intérêt" et de les partager avec votre réseau. Basé à Palo Alto en Californie, le site emploie 16 personnes et a déjà levé 27 millions de dollars. Il est déjà valorisé à plus de 200 millions de dollars, malgré de nombreux débats sur son intérêt. Certains médias le qualifient de "feu follet" et d'"épiphénomène". En tout cas, il n'est pas absent de la campagne présidentielle française, comme le montre le compte parodique de Nicolas Sarkozy, qui affiche des photos de yachts, d'objets de luxe, de sa famille. L'équipe de campagne de François Bayrou, NousBayrou, affiche, quant à elle, une présence officielle avec des photos de  la campagne. L'utilisation est encore timide, à la recherche d'usages réels, mais elle illustre le côté geek de l'équipe centriste.

Syrie : « Adoptez une révolution »

Près de 8500 personnes ont été tuées depuis le début des révoltes en Syrie, au printemps 2011, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La paralysie de la communauté internationale empêchant toute action concrète pour venir en aide aux populations civiles, un site Internet allemand lance un appel à la solidarité de la société civile pour "adopter une révolution" et soutenir financièrement l’un des nombreux comités locaux de coordination. Des groupes qui, à travers la Syrie, organisent la contestation sur le terrain et fournissent aux opposants du matériel médical mais aussi des équipements de communication. En trois mois, plusieurs dizaines de groupes auraient déjà été financés par près de 1000 internautes, selon France 24. Le site affirme par ailleurs ne pas vouloir recevoir de fonds gouvernementaux et refuse de financer des mouvements armés.

Un projet européen pour développer des applications mobiles via l'open data

Un nouveau projet européen, "Citadel on the move", qui vise à permettre à tout citoyen de créer facilement des applications mobiles grâce aux données publiques libérées sur une plateforme en ligne, vient de démarrer.  Dans le cadre du projet,  ces données seront surtout centrées dans les domaines du transport, du tourisme et de la culture, mais cela sera étendu à d’autres domaines plus tard.

CORVE, l'agence de coordination des projets d'administration électronique de la région flamande, en Belgique, coordonne le projet européen "Citadel on the Move" depuis le 1er février 2012. Co-financé par la Commission Européenne, dans le cadre du programme ICT-PSP (programme d'appui stratégique en matière de technologies de l'information et de la communication), le projet a pour objectif de profiter des opportunités offertes par l'ouverture des données publiques (Open Data) et le développement des réseaux sociaux pour libérer le potentiel d'innovation des citoyens afin de construire les services d'une ville intelligente.  Il s'agit plus particulièrement de démontrer qu'il est possible de combiner l'ouverture des données publiques et la création d'applications mobiles pour créer de nouveaux services publics mobiles à travers l'Europe. A terme, il s'agit de développer des services sur smartphones, accessibles dans toute l'Europe.

La vision développée par le projet se trouve au coeur de la Déclaration de la Citadelle de Gand (Décembre 2010) , qui visait à accélérer «l'adoption de technologies innovantes basées sur Internet à très haut débit et des services publics locaux sur la base de plates-formes communes. C'est une déclaration pan-européenne qui a été initié par la Région flamande pendant la présidence belge de l'Union Européenne,  soutenue par 64 organisations représentant plus de 200 villes sur les cinq continents.

Le projet "Citadel on the Move" réunit les leaders européens du numérique, des experts, des chercheurs, des laboratoires d'usage (Living Lab) et des PME dans un effort commun pour exploiter la puissance de systèmes d'innovation ouverts pour développer les applications mobiles.

La Fondation EurActiv Politech est à la tête de la diffusion pan-européenne des résultats.

Le consortium:
1. Corve - Services d'administration en ligne Flandre Région, la Belgique (Coordinateur)
2. IS-pratique, la Belgique
3. La ville de Gand, Belgique
4. Issy Média, France
5. conseil municipal de Manchester, Royaume-Uni
6. DAEM (La ville d'Athènes IT Company), la Grèce
7. Intrasoft International, Belgique
8. Alfamicro, Portugal
9. IBBT, Belgique
10. Items International, France
11. l'Université d'Aston, au Royaume-Uni
12. Fondation EurActiv Politech, Belgique
13. V-ICT-OR, Belgique
14. Athènes Centre de la technologie, la Grèce

 

La Ville de Bruxelles s'ouvre à l'Open Data

La démarche de la capitale belge "s’inscrit dans une logique de partage et de transparence et permettra, je l’espère, que de jeunes et moins jeunes férus d’informatique développent de nouvelles applications utiles aux Bruxellois" a expliqué Karine Lalieux, maire-adjointe de Bruxelles, en charge des questions numériques. Plusieurs jeux de données sont proposés dès aujourd’hui. Ils concernent : le parcours BD, les bibliothèques, les toilettes publiques, les parkings, les parkings pour personnes handicapées, les installations sportives, et les distributeurs bancaires. Une offre qui sera progressivement étendue en collaboration avec tous les Services de la Ville. L'initiative de la ville Bruxelles s'inscrit dans un mouvement encore récent (voir l'article "Quelle stratégie Open Data pour les villes ?"), mais inéluctable. La publication des données publiques contribue, en effet, à la transparence de l'action publique.

30 millions de vidéonautes en France

Mediametrie vient de publier une étude qui montre que la barre des 30 millions d'internautes français ayant regardé au moins une vidéo sur leur ordinateur a été franchie en décembre dernier. Ils ont consacré en moyenne 3h19 à regarder des vidéos sur Internet, chacun ayant consommé 74 vidéos. Cette info n'a pas échappé aux candidats à l'élection présidentielle qui utilisent tous la vidéo comme l'un des principaux outils de leur communication en ligne. Celle de la semaine a été publiée par l'UMP pour accuser François Hollande de mensonge en publiant des propos contradictoires sur sa promesses d'imposer les plus riches à 75 %.

Russie : L'Internet pétille

Le premier tour de l'élection présidentielle a lieu ce dimanche en Russie. Si Vladimir Poutine fait figure de favori, nous assistons pour la première fois à l'émergence d'une contestation via le web. Cité par la RTBF, Alexandre Artémiev, journaliste sur un site web (Gazetta) et blogueur, explique que "l’internet russe aujourd’hui c’est quelque chose de tout à fait pétillant." Dans un pays qui a élu son Président de la République dès le 1er tour au cours des trois dernières élections (et à plus de 70 % lors des deux derniers scrutins), la question est de savoir si ce phénomène reste marginal ou non.  Plus de 50 millions de Russes sont connectés à Internet (dans un pays de 143 millions d’habitants), moins de 4 % sont sur Facebook mais ils plusieurs dizaines de millions à utiliser le très populaire réseau social russophone, VK. La campagne sur le web a été marquée par une vidéo vue plus de 5 millions de fois où on voit Vladimir Poutine derrière les barreaux, tandis que les partisans du premier ministre diffusaient une série de vidéos pour mobiliser les jeunes électrices. Une comparaison entre « voter pour la première fois » et la perte de la virginité est le fil conducteur du message qui recommande de faire le bon choix, celui de l'amour, le jour de l’élection (vidéo à voir ici).

Des sites et des applications ont été spécialement dédiés à l'observation des élections. Les citoyens sont invités à s'informer sur le site de journalisme citoyen, Ridus.ru, s'inscrire comme "observateur citoyen", visionner des vidéos (sur Rosvybory.org ou sur grakon.org) expliquant comment agir, ou relayer les incidents dont ils seraient témoins sur une "carte des violations de l'élection" ou via les applications pour smartphone "Web observateur" et "Je suis un observateur".

Réseaux sociaux, vigies de l'élection présidentielle au Sénégal

Le 1er tour de l'élection présidentielle sénégalaise a été marquée par la mise en ballotage du Président Wade. L'élection semble s'être déroulée sans incidents notables, selon les observateurs présents sur place. Dans un pays qui compte, comme le rappelle le journaliste Francis Pisani sur son blog, 16 % d'internautes, mais 80 % d'utilisateurs de téléphones mobiles et 650.000 inscrits sur Facebook, "l'information accessible sur l'internet joue un rôle important mais pas décisif". Les citoyens connectés se sont pourtant montrés déterminés à utiliser les réseaux sociaux pour dénoncer toute irrégularité dont ils auraient pu être témoins. Dès la clôture des votes, les premiers résultats tombaient sur Twitter et son fil #sunu2012 ou #kebetu et Facebook, sa page "y en a marre" ou sa page "senrevolution". Les Internautes, notamment les plus jeunes, ont été, comme le souligne le Nouvel Obs, des "sentinelles de la démocratie", en publiant leurs votes, leurs alertes, leurs conseils, et leurs informations. Sunu2012.sn, un site lancé en novembre dernier par des blogueurs locaux, avait d’ailleurs demandé aux électeurs de jouer un rôle d’observateurs le jour du scrutin en s’armant d’un appareil photo et en publiant leurs remarques par Internet ou SMS.