La récente élection dans le Massachusetts du républicain Scott Brown au Sénat a fait l'effet d'une petite bombe politique. Il a non seulement été élu sur le siège de Ted Kennedy, figure emblématique de la gauche américaine, mais il a aussi démontré que les républicains savaient maintenant utiliser plus efficacement l'Internet.
Si Micah Sifry, le fondateur du site TechPresident, écrit que "l'Internet confirme sa préférence pour les outsiders (Howard Dean, Ron Paul, Barack Obama...)", il regrette que son influence sur le milieu politique soit encore trop proche du "Stoppez ça" plutôt que du "Faites ça". Autrement dit, l'efficacité de la politique en ligne se mesure toujours dans la contestation et l'opposition. Dénoncer est toujours plus facile que proposer, et il reste encore du chemin à faire avant que la démocratie en ligne atteigne sa maturité. La victoire de Barack Obama n'a-t-elle été que l'illusion d'une véritable campagne politique en ligne? Cela se discute.
L'éditorialiste du New York Times, Ross Douthat, pense, lui, que la perception de la politique en ligne est en train de changer. Avant l'élection de Barack Obama, écrit-il, "l'Internet, c'était pour les jeunes, les branchés, les multiculturels, les progressistes. Laissez le Parti Républicain être le parti de Fox News. Le Parti Démocrate, lui, était celui de Google, YouTube et Facebook. Mais tout cela s'est effondré depuis l'arrivée au pouvoir d'Obama. Pour Ross Douthat, pas de doute, "les tentatives pour transformer les supporters en ligne de la campagne d'Obama en force politique permanente ont échoué". Les républicains ont pris la main sur Twitter, Sarah Palin a 1,2 million d'amis sur Facebook, et dans le très progressiste Massachusetts, Scott Brown, le candidat républicain au Sénat, a utilisé le web pour collecter ses fonds au point d'effrayer l'establishment local".
Cette élection partielle, aussi symbolique soit-elle, ne peut inverser à elle seule la tendance. Les relais d'opinion, sur l'Internet politique américain, restent majoritairement à gauche, même si les Républicains préparent méticuleusement leur revanche.
Prochaine étape : les élections générales de mi-mandat, en novembre prochain.