Une semaine en e-Démocratie

Des innovations pour la soirée électorale

Je ne parle pas de la publication des résultats avant la fermeture des bureaux de vote via les réseaux sociaux (j'y reviendrai après l'élection), mais des innovations techniques qui vont peut être dépoussiérer les soirées électorales des grandes chaines de télévision. Coïncidence ou pas, deux de ces initiatives viennent d'Issy-les-Moulineaux. La chaîne d'informations France 24 vous propose, en première mondiale, de suivre les élections 2012 en direct et à 360° grâce à une application dédiée : Direct 360 pour iPad disponible gratuitement ici sur l'App Store. C'est vous qui allez piloter la caméra pour profiter d'une vision à 360 degrés depuis le centre du plateau de France 24, grâce à un mode de navigation utilisant l'accéléromètre de l'iPad (explications ici). La seconde innovation vient d'une jeune entreprise de la pépinière d'Issy, Virdual, en association avec la chaîne Public Sénat. Elle lance une plate-forme de débat, ouverte au public exclusivement le soir du 1er tour de l’élection présidentielle avec le site DebatElections.fr qui ouvrira le 22 avril 2012 à 20H.   Tout au long de la soirée, les cybernautes pourront débattre et échanger sur ce que dois faire chaque candidat dans un débat personnalisé (plus d'infos ici).

"Ne votez pas pour moi", le clip contre l'abstention

"Ne votez pas pour moi", répètent les uns après les autres les candidats à la présidentielle dans cette vidéo pour lutter contre l'abstention. "Votez pour vous !" . Approche originale mise en oeuvre par Franck Tapiro, publicitaire, qui a débuté avec Jacques Ségéla, a créé sa propre agence, Hémisphère Droit, en 1996 et a été conseiller de Nicolas Sarkozy pour sa campagne à la présidentielle de 2007 (il serait même l'auteur du fameux slogan "Ensemble, tout devient possible" selon le Monde).

Plus de 2.000 propositions recueillies en ligne sur le site de Nicolas Sarkozy

L'initiative arrive tardivement, mais elle est intéressante. Le site de Nicolas Sarkozy, qui se définit lui même comme "une véritable plateforme de mobilisation" en proposant un bilan de l'action du président "près de chez vous", de promouvoir l’engagement sur le terrain, de donner de la visibilité à l’action en ligne et de récompenser le mérite de chacun avec "NS Connect", a demandé aux Internautes des propositions "d'idées pour une France forte". Les porteurs des dix propositions les plus populaires ont été reçus par le porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet. Deux semaines et 2165 idées soumises par près de 4000 utilisateurs, les propositions concernent l'extension de l'interdiction des signes religieux, la protection sociale des entrepreneurs, la réforme territoriale, la réforme en profondeur de l'éducation, la modulation du prix de l'électricité, le passage du Bac professionnel en alternance dès la 3ème, l'armement obligatoire des policiers municipaux, la lutte contre l'homophobie, l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels ou, sujet qui nous tient depuis longtemps à coeur, la mise en place de l'e-pétition citoyenne à l'Assemblée Nationale.

 

Les sites des candidats analysés au plan technique

Sont-ils plutôt SPIP, Wordpress ou Drupal pour la gestion de leur site Internet de campagne ? Le site ugal.com, spécialisé dans la création de sites internet clé en main, a publié une analyse technique des sites Internet des candidats. Un regard décalé par rapport aux analyses stratégiques sur la campagne en ligne qui confirme qu'un des principaux enseignements de la campagne présidentielle en ligne, c'est la maturité des candidats ne font plus d'erreurs techniques grossières comme on a pu le voir dans le passé. Elle souligne, par exemple, qu'aucun site n'utilise la technologie Flash, que tous sont encodés en UTF8 et utilisent la librairie Javascript Jquery.  Certains sont plus rapides que d'autres, selon leur complexité, ou se distinguent, comme le site de François Hollande et son CMS SilverStripe ou celui de François Bayrou, basé sur des logiciels libres sans qu'ils soient mentionnés.

Pour la 3ème place, les Internautes votent Mélenchon !

Le candidat du Front de Gauche sera-t-il le troisième homme de l'élection présidentielle ? Alors que les sondages placent Marine Le Pen devant, les internautes semblent avoir fait leur choix en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Si l'on se penche sur les requêtes des internautes sur Google ces 90 derniers jours, révélatrice de l'intérêt du public pour un sujet donné, on constate que les courbes entre Marine Le Pen (en vert) et Jean-Luc Mélenchon (orange) se sont croisées fin mars et si l'on resserre les requêtes sur les 30 derniers jours, il apparaît nettement que Mélenchon creuse l'écart avec Marine Le Pen. Ces indications soulignent l'élan de curiosité suscité par Jean-Luc Mélenchon, qui dispose d'une communauté particulièrement active et solide, forte de plus de 80.000 fans sur sa page Facebook (juste derrière François Hollande) et près de 55.000 followers sur Twitter. Le candidat du Front de gauche, qui a probablement fait la plus belle campagne de cette élection, s'était distingué dès le début pour avoir été le premier à lancer une application de mobilisation en ligne. Envoyer un lien à ses amis, transmettre des photos, indiquer sa position géographique lors d'un meeting, se rendre à un événement, répondre à des questions rapides, autant de "défis" à réaliser pour gagner des points. Une "gamification", c'est-à-dire la transformation en jeu d'actions simples, qui permettrait d'attirer des populations plus jeunes. Son équipe de campagne s'est aussi distinguée avec sa web-série "En marche !", qui suit l'actualité de la campagne au plus près.  "cela ne s'est jamais vu, jamais fait nulle part, s'enthousiasmait sur son blog, le 10 novembre, le candidat.  Enfin, selon Dailymotion, qui diffuse en direct les meetings de la plupart des candidats, le meeting à la Bastille avait atteint le chiffre record de 195 000 personnes devant leur écran, soit davantage que pour le meeting de Nicolas Sarkozy à Villepinte et du Bourget de François Hollande.

François Bayrou amuse les geeks avec une animation à la Mario Bros

A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, le candidat centriste amuse les geeks, en proposant un "code konami" sur son site de campagne. Le konami désigne une combinaison secrète de touches permettant de débloquer diverses options, très répandue dans les jeux développés dans les années 80. Une petite musique à la Mario Bros composée par ordinateur, l’image 8 bits pixelisée et le petit personnage qui marche vers de nouvelles aventures montre alors un François Bayrou, pixellisé et en deux dimensions. Un texte défile, à la manière des jeux d'aventure d'antan : « En Sarkhollande, terre désolée et pleine d'illusions perdues, un héros se tient debout... » . Pour découvrir cette animation 8-bits, il suffit d'entrer les touches suivantes : ↑ ↑ ↓ ↓ ← → ← → B A dès la page d'accueil.

Analyse comparative des stratégies Internet de Sarkozy et Hollande

Le journaliste belge Nicolas Becquet a écrit, début mars, une intéressante analyse comparative des stratégies de campagne en ligne de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Son article mérite d'être relu à quelques jours du vote. Globalement, il explique qu'à budget égal (environ 2 millions d'euros chacun), les deux principaux candidats ont adopté une stratégie web différente : Nicolas Sarkozy a fait le choix de contourner les intermédiaires en se concentrant sur trois plateformes: son site officiel (sobre et efficace), sa page Facebook retraçant sa carrière politique (personnalisation) et son compte Twitter pour informer en temps réel (proximité). Contrairement à l'UMP, le PS souhaite utiliser des « intermédiaires », les internautes, pour créer un effet démultiplicateur de mobilisation:  10 000 mobilisateurs seront formés pour recruter 150 000 volontaires pour aller contacter directement plus de 5 millions d'électeurs.  Le site de campagne de François Hollande francoishollande.fr s'accompagne du site toushollande.fr, plus militant et participatif, inspiré de la campagne de Barack Obama en 2008.  Twitter, Facebook, Deezer, Instagram, Foursquare, Soundcloud ... du plus connu au plus confidentiel des réseaux sociaux, les candidats visent l'exhaustivité. Mais quelle est l'efficacité du message diffusé ? Quel est l'apport au débat public ?

Twitter, star de la campagne présidentielle ?

Tous les candidats à l'élection présidentielle, une vingtaine de ministres (soit les deux tiers du gouvernement) et quelques 200 personnalités politiques françaises sont sur Twitter. Même si une récente étude d’Elus 2.0, notait que près de 80 % des députés ne disposent pas de compte Twitter, le site de micro blogging est la star de l'élection présidentielle. Même s'ils sont méfiants sur le sujet (lire l'intéressant billet de Jonathan Pinet sur l'idée que la plupart des responsables politiques s'en font), ils ont compris que Twitter était devenu incontournable. Avec 155.000 followers à 8 jours du 1er tour de l'élection présidentielle, @NicolasSarkozy n'est pas parvenu à combler son handicap sur son adversaire socialiste, @fhollande, qui en affiche 225.000. Mais c'est @bayrou, avec ses 100.000 followers, qui semble le plus à l'aise avec l'outil. D'abord parce qu'il utilise lui même son compte (contrairement à François Hollande, qui affiche même le nom sur son site le nom de sa "voix sur Twitter"), aux côtés de son équipe de campagne @nousbayrou, qui affiche près de 60.000 followers. Le principal objectif, comme l'a souligné le journaliste belge Nicolas Becquet dans une étude comparative des stratégie de campagne en ligne, est surtout de "verrouiller les différents canaux de diffusion et d'occuper l'espace médiatique en ligne". 

En France, 55 % des internautes seraient prêts à voter en ligne

La compagnie Direct Assurance vient de publier les résultats de son baromètre des cyber consommateurs qui revèle le rapport des français avec la politique et l'Internet. Ainsi, 55 % des internautes se disent prêts à voter par Internet pour une élection majeure. Un internaute sur trois a déjà consulté des sites ou des blogs dédiés à la politique et 6 sur 10 estiment qu'Internet peut les aider à comparer les programmes politiques, un sentiment encore plus marqué chez les jeunes (69 %). Enfin, ils sont 78 % à faire confiance au média Internet, dont le taux de crédibilité est proche des 80 %. Ce sondage confirme qu'Internet est devenu un média incontournable et que la maturité des Internautes sur le vote en ligne est plus forte que ne le disent les activistes du vote papier.

En Corée, défaite de la génération Twitter

"Les idées exprimées sur internet nous sont favorables à 20% et hostiles à 80%", estimait peu avant les élections législatives du 11 avril  Lee Jun-seok, un expert informatique formé à Harvard chargé par le parti conservateur Saenuri de renforcer sa présence sur la Toile. "Dès qu'on dit quelque chose sur notre parti, on est attaqué", constatait-t-il.  La "génération Twitter" était clairement du côté de l'opposition, dans l'un des pays les plus connectés au monde. Les cinq politiciens les plus suivis sur Twitter sont d'ailleurs tous issus de l'opposition, tandis que le leader du parti conservateur, Mme Park Geun-hye, n'arrive qu'au huitième rang avec 180.000 followers, selon Koreantweeters.com. C'est pourtant bien le parti conservateur qui a remporté le scrutin, avec 152 sièges sur 300 au Parlement. Selon les analystes, la faible participation des jeunes électeurs (le taux de participation global a été de 54 %) a probablement contribué à la défaite de l'opposition. La BBC rappelait qu'il y a à peine six mois, un novice sans soutien politique avait été élu  la mairie de Séoul grâce aux jeunes électeurs et à une campagne fortement orientée "web friendly".